VITESSE...ET RIGUEUR.
Un test de vitesse a été publié en 2003 par un magazine français. La rédaction a indiqué que Pagani avait refusé de participer, ce qui est vrai mais incomplet: ce qui a choqué Pagani Automobili est que les raisons de son refus étaient étrangement absentes.
L'usine avait demandé un droit de réponse: il n'a pas été publié. Nous le rappelons donc ci-dessous.
Il est évident que beaucoup de prototypes ou voitures de course - nullement faites pour rouler des milliers de kilomètres, ni pour répondre aux normes de sécurité ou d'anti-pollution - peuvent atteindre des vitesses plus élevées que les autos homologuées. S'affranchissant de toute contrainte de législation, de durée de vie, ou de circulation sur route ouverte, un prototype peut être équipé de différents arbres à cames, turbos, rapports de boite et être réglé aérodynamiquement pour une vitesse de pointe élevée, en sacrifiant d'autres paramètres.
Dans toutes les compétitions, si l'on est de bonne foi, les règles sont les mêmes pour tous. Or le test publié présentait à la fois des voitures en production et homologuées, et des prototypes non-homologués. De plus, aucune explication ne les distinguait. C'est une confusion qui fausse toute comparaison.
Pour être en conformité avec les réglements et être commercialisée une voiture doit passer de sévères tests qui vont des normes anti-pollution aux niveaux sonores, en passant par la sécurité active et passive, et qui apportent de sérieuses contraintes dans l’atteinte des performances.
De plus un constructeur doit démontrer sa capacité à respecter des standards de qualité, à assurer une production suivie, et être en mesure de fournir à ses clients une garantie et un service après-vente sérieux. Mettre sur le marché une voiture à hautes performances homologuée n’est donc pas à la portée de tous. De ce fait, confronter une auto de production à des prototypes est tout simplement trompeur.
Beaucoup de projets et de prototypes sont présentés chaque année. Certains revendiquent des performances flatteuses. Mais la plupart reste à l’état de maquette ou d’exemplaire unique, faute de répondre aux exigences de sécurité, d’homologation et faute de pouvoir s'appuyer sur une capacité, démontrée par le fabricant, d’une production suivie.
En lisant l’article, le public pouvait penser que plusieurs constructeurs cités (présents ou non dans le test) sont incapables de construire des voitures qui atteignent ou dépassent 360 Km/h. Or plusieurs constructeurs, dont Pagani, sont bien à même de faire rouler leurs automobiles encore plus rapidement, dès l’instant qu’on raisonne sans règles, ni homologation, ni capacité prouvée à produire la voiture.
N’ayant pas appliqué de critère de sélection clair concernant les catégories de véhicules, le magazine aurait pu aussi comparer la Dauer - Porsche (ci-dessous) qui a atteint 404 Km/h, ou certains prototypes du type de ceux alignés au Mans.
Sur une plaque apposée à l’entrée du circuit de Nardo, on peut lire que le prototype C111 Mercedes, déjà voilà vingt-cinq ans en 79, a roulé à une vitesse de 403 Km/h...
Deux versions de la Mercedes C111 prototype.
Imaginons la vitesse que pourrait atteindre aujourd'hui une voiture équipée d'un ... V12 Mercedes-AMG de dernière génération, réglé pour une puissance maximale et avec en vue uniquement la vitesse de pointe, en laissant de côté sécurité, manoeuvrabilité, normes de bruit et d'anti-pollution...(voir à ce sujet la Sauber C11, dont la Pagani est inspirée).Revenons aux faits : la vitesse maximale de la Zonda C12S commercialisée depuis deux ans est volontairement limitée en sortie d’usine. Conformément à sa politique, Pagani n’a jamais déclaré de vitesse de pointe, car un seul facteur ne peut pas, loin de là, rendre compte de la performance totale supérieure dont est capable la Zonda. Mais il est aisé de tourner sur une piste avec une Zonda en la réglant différemment, sans limiteur, avec un compromis différent sur la stabilité et sur les dispositifs aérodynamiques (qui contribuent à la sécurité et facilité d’exploitation de la voiture) -, de fermer certaines prises d’air, modifier les réglages moteur pour le besoin du test : tout est alors possible dès l’instant qu’il n’y a pas de règles...
A défaut d’adopter des critères objectifs de sélection des autos, Pagani jugeait donc que le test ne respectait pas les principes d'équité et de rigueur dans la comparaison.
L'encadré mentionnant l’absence de Pagani aurait certainement dû exposer clairement les raisons de sa position, indiquées ci-dessus, et que chacun peut maintenant juger. A long terme, la rigueur sera toujours reconnue.